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LE SACRIFICE.

lui. Probablement qu’alors il eût ressenti un plaisir immense à corriger cette esclave rebelle ; mais il n’y avait pas moyen d’agir ainsi en public. Il fallut se contenter de la porter comme à un supplice. L’odieux marquis Greystock, que je trouvai affreusement laid, osa prendre place à côté de cette fleur ; le ministre ouvrit son livre ; les filles d’honneur baissèrent, comme par le même fil, leurs regards vers la terre, et rougirent autant qu’on peut l’obtenir de la ferme volonté de rougir ; le comte se dressa menaçant et sourcilleux comme Agamemnon ; et la comtesse, violette d’effroi, cacha ses appréhensions sous un riche éventail ; la tête hideuse du marquis se balançait au-dessus d’un bouquet énorme, comme une tête de serpent dans un myrte ; et la pauvre miss Anna me parut tout à coup changée en marbre.

Je me sentais oppressé pour elle et j’allais