Page:Desbordes-Valmore - Le Salon de Lady Betty, tome 1, 1836.pdf/162

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
146
LE SACRIFICE.

car, jamais jeune miss ne fut moins pleurante que la jeune Anna Aymer : elle n’était, s’il faut le dire, que franche et naturelle.

Jamais encore elle ne s’était évanouie ni n’avait ressenti la moindre attaque de nerfs, dans sa vie fraîche et rose de seize ans. Dieu sait toutefois les évanouissemens et les crises vaporeuses dont on couronna sa douleur ! sans compter ses beaux cheveux blonds épars, arrachés dans une frénétique agonie, et ses belles mains tordues et mutilées l’une par l’autre dans les convulsions du désespoir. Quant aux larmes et aux sanglots, il y en avait trop pour qu’il fût question de les nombrer ni de les dépeindre. C’était à fendre les rochers, c’était à faire crouler les deux églises indignées : ces églises dont les colonnes attestaient tant d’amour !

Les deux paroisses se soulevèrent donc en même temps pour jeter de hautes et puissantes