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LES FOSSOYEURS.

Vous savez comme tout le monde que lady Anna le hait plus que la mort.

— C’est son affaire, et non la mienne, poursuivit le fossoyeur avare. Je n’ai jamais rien reçu d’une fiancée, eût-elle été la plus heureuse fiancée des trois royaumes : elles ne sont occupées qu’à baisser les yeux, à étendre leur voile, et à rougir, quand elles peuvent. Leur bonheur m’importe donc fort peu. Je ne me soucie que du fiancé, qui paye.

Il aurait prolongé, sans doute, cette éloquence crue et provoquante, si Pitpipe, qui m’avait fait un signe d’intelligence et que j’avais devancé dans l’église insultée, n’eût fermé brusquement la porte au nez de son insolent rival : ce qui me fit plaisir, et me parut juste. Au fait, je l’aimais, moi, ce bon Pitpipe ; il m’avait fait les honneurs de sa sainte Agnès avec beaucoup d’empressement et de