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LE NEZ ROUGE.

se disait-elle, que cet excellent jeune homme ne se souvient plus des irrégularités de ma figure.

Mais la confiante jeune fille se trompait extrêmement dans cette supposition. Je vous certifie que le cerveau du triste teneur de livres se fêlait notoirement de jour en jour. Le lendemain il courait toutes les boutiques des dégraisseurs de la Cité, cherchant une recette souveraine pour enlever les taches les plus opiniâtres. — Mais de quelles taches s’agit-il ? demandaient gravement les imperturbables dégraisseurs. Est-ce des taches à votre linge ? — Non. — À vos manteaux ? — Non — À la douillette de madame votre épouse ? — Pas davantage. C’est justement parce que je ne suis point marié, et que j’ai besoin de l’être, qu’il me faut recourir aux ressources de votre art. N’avez-vous point d’essence qui ait la vertu de déteindre un nez rouge de jeune fille de dix-huit ans ? — Et comme les teinturiers-dé-