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LE NEZ ROUGE.

rêta tout d’un coup, et se saisit le menton de la main droite d’un air profondément méditatif, au risque d’être pris par les passans pour un poète en travail ou pour un membre de la chambre des communes ruminant son improvisation du lendemain.

— Que vais-je faire ? s’écria-t-il. Si j’épouse cet interminable nez drapé de pourpre, que dira la Cité ? que dira Fleet-Street ? que diront miss Pin, miss Needle et mis triss Knife ? que diront ces langues d’acier, pointues et acérées ? En quel état laisseront-elles ce pitoyable nez qui s’appellera mistress Conway ?

Tel était le délectable avenir qu’entrevoyait l’imagination intimidée de M. Conway. Si le vent enflammé qui le poussait ne l’eût entraîné et remis en route, il faisait certainement volte-face et la délibération aboutissait au vœu d’un salutaire et perpétuel célibat. — Ce fut le démon matrimonial qui prévalut.