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LE NEZ ROUGE.

nait-il à la taverne, il ne damnait pas d’emblée le cuisinier si le bœuf était trop rôti, quoique le mal fût sans remède. Il n’y avait personne qui aimât mieux que lui la croûte du pain frais. Eh bien ! c’eût été fort rare de le voir sortir de ses gonds et maudire cordialement la fille de salle quand elle lui servait quelque tranche de mie de la veille.

Toutefois en cette occurrence il fut long-temps à rentrer dans son assiette naturelle ; son exaspération était au comble. Tout le long de Piccadily, comme il retournait à Londres, il criait encore véhémentement : — L’effroyable nez ! le nez d’épouvantail ! Quel malheureux mortel s’est trouvé jamais vis-à-vis d’un pareil nez ! le vieux vilain nez rouge ! le nez d’ivrognesse ! L’intolérable nez ! Certes Maria est une intéressante fille ! elle a toutes les grâces et toute l’intelligence ! ce serait presque une femme parfaite, la femme jusqu’à ce mo-