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HUIT FEMMES.

le fuir ? Qu’y a-t-il ici pour moi ? Qu’est-ce qui aura jamais le pouvoir de me faire regretter l’Angleterre ? Ah ! mon Dieu, rien…

Et deux ruisseaux de larmes, qu’elle ne sentait pas couler, démentirent cette apostasie dont l’amour seul peut inspirer l’audace. Sous sa voix qui niait le culte trop vrai pour lui plaire alors, une voix plus profonde murmurait : « Menteuse ! c’est l’ouragan lointain qui t’abat, car, tu le devines, si tu attendais le calme, tu serais forte. »

Une question toute simple de Lawrence brisa pour un moment le cours de ses félicités tremblantes et la replaça subitement dans le passé. Peut-on se persuader que le passé soit quelquefois si loin d’une femme de dix-huit ans ? Cette question naturelle entra comme un reproche brusque dans