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HUIT FEMMES.

il y a de jours où la vie oisive se dresse mécontente et montre à nu toutes ses aspérités, les punissant ainsi peut-être de ne l’employer qu’à des regrets insensés ! C’est étrange alors de reconnaître à quel point les objets extérieurs les plus vulgaires s’associent puissamment à l’amertume de notre inaction. La table, sur laquelle nous avons pris le pli d’écrire ou d’appuyer nos coudes, nous apparaît, durant ces jours répulsifs, dépolie et profanée par mille souillures que nous n’avions jamais aperçues. Nous découvrons les moindres fils d’araignée pendant au plafond, ce plafond devenu tout à coup lui-même plus saillant et plus morne qu’à l’ordinaire. Le voile conciliant de l’habitude s’écarte de partout, comme si la lumière entrait pour la première fois là où nous sommes seul, volontairement seul,