Page:Desbordes-Valmore - Huit femmes, 1845.pdf/673

Cette page a été validée par deux contributeurs.
328
HUIT FEMMES.

reine de sa solitude, cette fille montait, descendait, puisait l’eau, lavait jusqu’au trottoir, secouait les tapis, les étendait le long de l’escalier redevenu blanc et lustré sous ses mains infatigables. Elle ne fermait les volets que le soir, sans s’inquiéter le moins du monde si l’absence des rideaux laissait, durant le jour, à chacun la facilité de voir jusqu’au fond de son temps si laborieusement rempli.

Je fus tranquille sur le sort de la maison ressuscitée. Elle serait honorée d’ablutions fréquentes, visitée par l’air pur du dehors ; la servante vivait debout, et n’avait pas peur d’assainir les coins sombres ; on pourrait y marcher avec sécurité : sa présence étendait partout la grâce d’un bon augure. Mais qui pouvait payer une telle vigilance ? l’argent ? Non,