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HUIT FEMMES.

mobilité de ses traits effrayèrent cette aimable sœur, qui la regardait à son tour en tremblant de l’interroger. Adrienne enfin s’assit près d’elle, et, prenant sa main qu’elle pressa sur son front, comme pour y retenir ses idées qui s’enfuyaient, elle lui dit faiblement :

» — Je suis perdue, ma sœur ! je me suis trompée !

» Dès qu’elle fut en état de lui rendre compte de l’adieu d’Arthur, de cette colère inexplicable contre un être si vrai, si sensible, Clémentine crut n’y démêler qu’un excès de délicatesse ou d’orgueil qui l’alarma sans doute pour l’avenir d’Adrienne, mais qui n’annonçait ni l’indifférence, ni l’abandon, ni la haine dont elle se croyait menacée. Adrienne écoutait avidement toutes les conjectures et les charmantes promesses