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HUIT FEMMES.
» — Eh ! bonne nourrice, lui dit-elle, pour qui pries-tu donc là si tristement ?
» — Je chante, petite maîtresse, lui répondit Mona.
» — Je ne l’aurais pas pensé. Tes chansons, Mona, ressemblent aux prières des morts.
» — Voici venir la saison des naufrages, petite blanche. Moi, j’en ai vu plus d’un, qui repasse dans ma mémoire ; et puis les vieux esclaves ne chantent pas d’une voix gaie.
» — Mona, reprit alors doucement Adrienne, en passant sa main sur le front ridé de la vieille négresse, qui s’était approchée de la fenêtre, n’es-tu pas heureuse auprès de moi ? Dis ; si tu étais libre, me quitterais-tu ?
» — On ne quitte ceux qu’on aime que pour mourir, chère maîtresse.