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HUIT FEMMES.

qu’il pouvait renvoyer. Cette séparation prochaine allait être la preuve de ma soumission ; grâce à vous, monsieur, elle le sera de ma reconnaissance : je la trouve plus facile à présent.

» — Et lui, Sarah, vous quittait-il sans peine ?

» — Sans peine ! s’écria la pauvre enfant, ah ! monsieur !… Mais, reprit-elle après un silence, je n’étais pas digne d’être la fille de M. Primrose ; puisque sans la tendre pitié qu’il eut de moi, je serais depuis longtemps ce que je vais devenir par ma volonté, et, je puis dire, avec joie.

» En effet, son ame se remplissait de cette joie profonde qui nait d’un grand sacrifice fait à ce qu’on aime.

» L’étranger, plus ému qu’il ne le témoignait, lui dit, en s’arrachant avec peine à cet entretien, qu’elle recevrait