Page:Desbordes-Valmore - Huit femmes, 1845.pdf/530

Cette page a été validée par deux contributeurs.
185
HUIT FEMMES.

ger, car mes richesses m’ont rendu malheureux.

» — Alors, poursuivit-elle, pouvez-vous, voulez-vous acheter une esclave, une pauvre fille abandonnée, une enfant perdue, qui vous servirait, vous donnerait sa vie, sa faible vie, pour sauver son bienfaiteur, trahi, dépouillé par un méchant ? Monsieur, c’est moi qui suis cette enfant, cette esclave à genoux devant vous ; je ne suis point la fille de celui qui vous a sauvé. Il vous a sauvé ! dit-elle d’un ton céleste : oh ! si vous êtes bien riche, achetez Sarah bien cher, et sauvez à votre tour M. Primrose, car il est le meilleur des hommes !

» Elle aurait parlé longtemps encore, avant que la surprise et l’émotion de celui qui l’écoutait lui eussent permis de l’interrompre. Cette jeune fille, age-