Page:Desbordes-Valmore - Huit femmes, 1845.pdf/498

Cette page a été validée par deux contributeurs.
153
HUIT FEMMES.

sentait dévorée. Des craintes sinistres s’y mêlèrent lorsque l’ouragan, qui ne faisait que menacer la veille, effraya tout à coup l’île entière par sa violence et ses dévastations, le jour fut enveloppé de ténèbres. Les arbres brisés, les pirogues et les cabanes de nègres emportées par la mer battant les rochers, furieuse de ne pouvoir les dissoudre, les cris des esclaves sur la grève, se transmettant les ordres de leurs maitres ; l’agitation du port où quelques bâtimens essayaient vainement d’entrer, tout cela, que l’on voyait de la montagne, jetait la terreur dans l’ame ; et Sarah levait au ciel ses mains suppliantes, n’ayant jamais si bien senti l’horreur et la pitié qu’inspire l’approche d’un naufrage.

Ce n’était pas pourtant la première fois qu’elle voyait cette colère de la nature,