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HUIT FEMMES.

leur infortune et leur séparation prochaine.

» — Je sais tout, répondit-elle poussant d’une main faible, laisse-moi m’en aller.

» — Si tu savais tout, Sarah, si tu savais combien je suis malheureux, pourrais-tu de toi-même t’éloigner de moi, de moi qui t’aime et qui meurs de t’aimer ?

» — Je ne l’ai pas entendu ! s’écria Sarah, je ne t’ai pas écouté, tu ne m’as rien dit, nous n’avons pas désobéi à ton père ; laisse-moi m’en aller !

» Ce fut sans doute avec un affreux effort qu’elle s’enfuit en cet instant, car elle aimait beaucoup Edwin ; et quitter ce qu’on aime quand il pleure, sans oser pleurer avec lui, est peut-être plus difficile que de mourir. Mais son devoir, mais l’exemple de sa mère, lui donnaient la