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HUIT FEMMES.

Comme c’était précisément une dissidence sur laquelle il leur était impossible de s’accorder jamais, elles eurent recours à un expédient très simple, et surtout très prompt : ce fut de tirer au sort l’objet de leur égale passion. Celle à qui le plus haut nombre échut dans cet innocent duel, devint, le jour même, la femme du seigneur indécis.

Tandis qu’une couronne de fiancée, tenue toute prête pour l’issue de l’épreuve, se balançait sur le front radieux de la plus jeune amante, l’aînée, sous un long voile de deuil, quitta le monde dépeuplé pour elle, et ensevelit ses espérances trompées dans un cloître où la suivit, peut-être, le regard désappointé du nouvel époux. On croit du moins, poursuivit le malin fossoyeur, que tandis qu’il fixait un œil plein d’amour sur sa