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HUIT FEMMES.

de l’animal enfiévré qui les enlève ; le comte serre à tel point contre lui sa frêle épouse, qu’il ne fait qu’un corps avec elle, dont le souffle menace à tout coup de s’éteindre.

— Arrête-moi ! s’efforce-t-elle de crier plusieurs fois.

Mais ce son faible meurt comme un sifflement d’oiseau dans le bruit des feuilles qui jonchent leur route. Les prés, les collines, les ruisseaux, les ravins, tout fuit derrière eux, tout recule et s’enfonce à perte de vue, quand tout à coup le cheval, qui a bronché, suspend l’indescriptible élan soutenu comme par magie, et s’arrête pour reprendre haleine ou mourir.

Fanelly, haletante, penche sa tête sur celle de l’animal immobile, et pleure comme une enfant effrayée. Une soirée