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PRIÈRES.


Mon jeune âge a fait deux amies,
Dont l’une est partie avant moi,
Parfum de mes fleurs endormies :
L’autre fleur vivante, c’est toi !

Celle qui dort, je l’ai rêvée
Son bras enlacé dans le mien,
Tandis que toi, ma retrouvée,
Tu la retenais sous le tien.

Nous allions, comme trois colombes,
Effleurant à peine le blé ;
Et vers le doux sentier des tombes
Le triple essor s’est envolé.

Pour panser un peu nos blessures,
Nous nous abattions dans les fleurs ;
Et ses angéliques censures
Ne s’aigrissaient pas de nos pleurs.