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PRIÈRES.

Tout coulait en sommeil, en festins, en gambade ;
Venait-il un voleur, il faisait le malade ;
Son miaulement plaintif lui valait un baiser :
À ces tigres charmants que peut-on refuser ?

Un jour de la saison molle et tiède et fleurie,
Voulant ronger l’hysope autour de la prairie,
Le fainéant bondit, s’excite à prendre l’air,
Car le sable au jardin brille sous un ciel clair.
Et l’hiver tire au large, et le moelleux Joconde,
Qui dévide sa queue et sa danse et sa ronde,
Voit un caméléon se chauffant au soleil,
Dans les plis d’un vieux saule à son manteau pareil.

« Eh ! vous voilà, miroir vivant du parasite,
Vous, dont j’ai vu l’esprit où j’ai fixé mon gîte !
Diaphane symbole ! âme errante des cours,
Avec des paysans, quoi ! vous passez vos jours !
C’est un meurtre. Chez nous je vais vous faire inscrire :
La fortune m’y gâte et vous doit un sourire ;