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PRIÈRES.

Un vieillard me donna, tout ruisselant d’eau sainte,
L’un des mille rameaux dont verdoyait l’enceinte,
Et riche de ce buis qui riait dans ma main,
Du monde et de l’hiver je repris le chemin.



On eût dit qu’avec moi cheminait une amie,
La foi ! toute éveillée et toute raffermie !
Pendant que ses lueurs sillonnaient ma raison,
J’entendis devant moi s’ouvrir une maison ;
Puis le maître apparut qui, me voyant plus pâle,
Et de mon front plus triste interrogeant le hâle,
Me demanda mon sort et s’il ne pouvait pas,
Comme en des temps meilleurs, guider encor mes pas ;
Si je partais toujours ; si la belle patrie
Ne m’aimait pas enfin de l’avoir tant chérie !
Si l’Ange du voyage avait quitté mon seuil,
Et si pour moi la vie avait un doux accueil. »



Émue à cette voix qui plaint et qui protège,
J’écoutais ce pouvoir sans faste et sans cortège :