Page:Desbordes-Valmore - Bouquets et prières, 1843.djvu/190

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Des chapelets bénis pour ceux que nous aimons,
Et j’ai blessé mes pieds aux cailloux des grands monts.


Dieu ! si je suis l’oiseau rasant la terre et l’onde,
Laissez-moi de mon fils presser la tête blonde ;
Mon fils ! grandi sans moi qui l’ai fait tout amour,
Sans moi, qui lui donnai tant d’âme avec le jour !
Dieu des faibles, mon Dieu ! si je suis votre fille,
Relevez mon passé dans ma jeune famille :
A mes tendres terreurs ne donnez pas raison ;
Laissez-nous dans un port contempler l’horizon ;
Dans ma précoce nuit allumez une aurore ;
Défendez aux chemins de m’emmener encore ;
Marquez de votre doigt une place pour nous,
Et ralliez le père aux enfans à genoux !»


L’orgue se tut : l’église éteignit sa lumière ;
Ma pensée en mon sein retomba prisonnière :
Mais je ne sais quel charme en coulant à mon cœur,
L’inonda de l’espoir qui brûlait dans le chœur.