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PRIÈRES.

Quand vous alliez fervent vers le peuple qui prie,
Vous portiez dans le cœur le livre de Marie ;
Vous aviez des parfums plein l’âme, et dans les yeux,
Comme au temps où l’on croit, de longs reflets des cieux.
Tout est dans ce beau livre écrit avec des flammes,
Reliquaire d’amour qui fait rêver les femmes ;
Dont chaque page pure exhale une âme en fleur,
Qui se répand dans l’ombre et coule pleur par pleur !
Chaste et vivante école, où ma vague pensée
Apprit à soulever son aile embarrassée ;
Seuil du toit paternel où s’élève un berceau ;
Foi vive, écoutant Dieu dans la voix du ruisseau ;
Instinct sublime et doux, qui touche une grande âme,
De pitié pour l’enfant, de respect pour la femme :
Tout est dans ce beau livre où l’on vous voit passer,
Marcher seul au soleil, et sourire et penser,
Et regarder de loin l’idole reconnue,
Comme aux nuits du pasteur l’étoile revenue,
Ou comme l’églantine au front du printemps vert,
Qui s’étonne et sourit d’avoir vaincu l’hiver :
Vos mains si sagement ont touché sa couronne,
Qu’elle ne rougit pas dans l’air qui l’environne,