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IDYLLES.

Dégagé de l’anneau de fer
Qui le blessa long-temps sous des chaînes fleuries,
Il voit l’herbe plus verte et le ruisseau plus clair.
Ma fierté languissante est enfin éveillée ;
Je repousse en fuyant tes amères faveurs ;
Et, sous ma guirlande effeuillée,
J’ai brisé tes fers imposteurs.

Ne viens pas me troubler, amour ! je suis heureuse ;
Je ne sens plus le poids d’un lien détesté.
Mais quoi ! sa fraîche empreinte est encor douloureuse :
Ah ! laisse un long repos au cœur qui l’a porté !.
Va rendre ce lien à l’ingrat que j’oublie :
C’est à toi d’obéir, tu n’es plus mon vainqueur ;
Tu ne l’es plus ! mes chants, ma liberté, ma vie,
J’ai tout repris avec mon cœur.
Qu’il promène le sien sur tes ailes légères,
Je le verrai sans trouble ; il n’est plus rien pour moi.