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IDYLLES.

Effleuraient tes doux jeux, peut-être sans les voir.
Plains-moi, car c’est pour moi qu’il dévorait ces larmes,
Et de m’en consoler il a seul le pouvoir.
Guide-moi ; réponds-moi !… Mais tu ne peux m’entendre :
Tu demandes son nom ?
Ah ! s’il t’avait parlé, m’aurais-tu fait attendre ?
L’aurais-tu méconnu dans ma prière ? oh ! non.
Va jouer, bel enfant, va rire avec la vie ;
Car ton âge est sa fête, et déjà je l’envie.
Va ! mais si ton bonheur te l’amène aujourd’hui,
Souviens-toi que je pleure, et ne le dis qu’à lui.
Comme la route au loin se prolonge isolée !
Eh ! pour qui ces jardins, ce soleil, ces ruisseaux ?
Je suis seule, et là-bas, sous de noirs arbrisseaux,
La moitié de mon ame est errante et voilée.
Mes suppliantes mains voudraient la retenir :
J’ai cru respirer l’air qui va nous réunir !
L’avez-vous rencontré, nymphe à la voix plaintive ?