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Dans cet enclos désert, dans ce triste jardin,
Tout semble m’annoncer ce repos que j’implore,
Et, sous un froid cyprès, mon sang qui brûle encore,
Sera calme demain !
Ô douce plante ensevelie !
Sur un sol immortel tes rameaux gracieux
Couvriront ma mélancolie
D’un ombrage délicieux :
Ta tige élevée et superbe
Ne craindra plus le ver rongeur
Qui veut la dévorer sous l’herbe,
Comme il a dévoré ta fleur :
Cette fleur au temps échappée,
D’un rayon pur enveloppée,
Reprendra toute sa beauté :
Son doux éclat fera ma gloire ;
Et le tourment de ma mémoire
En sera la félicité !…
Mais la voix d’un enfant trouble encor ma prière,
Et m’arrache au bonheur que je viens d’entrevoir :
Tout-à-coup ramenée aux songes de la terre,
J’ai tressailli… j’ai cru le voir !
Oui, j’ai cru te revoir, idole de mon ame !
Lorsqu’avec tant d’amour tu t’élançais vers moi :
D’un flambeau consumé rallume-t-on la flamme ?
Non ! sa clarté trop vive est éteinte avec toi…