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Au sein de mes chères compagnes,
Courant dans les vertes campagnes,
Frappant l’air de nos doux accens,
Qui pouvait attrister mes sens ?
Comme les fauvettes légères
Se rassemblent dans les bruyères,
La saison des fleurs et des jeux
Rassemblait notre essaim joyeux.
Un jour, dans ces jeux pleins de charmes,
Je cessai tout-à-coup de trouver le bonheur ;
J’ignorais qu’il fût une erreur,
Et pourtant, je versai des larmes…
En revenant, je ralentis mes pas ;
Je remarquai du jour le feu prêt à s’éteindre,
Sa chute à l’horizon qu’il regrettait d’atteindre ;
Mes compagnes dansaient… moi… je ne dansai pas.
Un mois après j’errai dans ce lieu solitaire ;
Hélas ! ce n’était plus pour y chercher des fleurs :
La Mort m’avait appris le secret de mes pleurs,
Et j’étais seule au tombeau de ma mère !