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ADIEU, MES FIDÈLES AMOURS !


Adieu, mes fidèles amours !
Adieu, le charme de ma vie !
Notre félicité d’amertume est suivie,
Et nous avons payé bien cher quelques beaux jours !
Mais le remords ne trouble point notre ame ;
Et comme toi fidelle en mes douleurs,
Contre tous les plaisirs d’une nouvelle flamme
Je n’échangerais pas mes pleurs.
Pendant le jour écartant ton image,
Mes souvenirs et mes vœux superflus,
Je supporte mon sort ; et, presqu’avec courage,
Je me dis : il ne viendra plus !
Le soir, en ma douleur et plus faible et plus tendre,
Oubliant que pour nous il n’est plus d’avenir,
Je me laisse entraîner au bonheur de t’attendre,
Et je me dis : il va venir !…
Mais quand l’heure a détruit cet espoir plein de charmes,
Je plains, sans l’accuser, un amant si parfait :
Je regarde le ciel, en essuyant mes larmes,
Et je me dis : il a bien fait !