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LA SÉPARATION.


Il est fini ce long supplice !
Tu m’as rendu mes sermens et ma foi ;
Je t’ai rendu ton cœur, je n’ai plus rien à toi !
Quel douloureux effort ! quel entier sacrifice !
Mais en brisant les plus aimables nœuds,
Nos cœurs toujours unis semblent toujours s’entendre ;
On ne saura jamais lequel fut le plus tendre
Ou le plus malheureux.
À t’oublier c’est l’honneur qui m’engage ;
Tu t’y soumets… je n’ai plus d’autre loi.
Ô toi qui m’as donné l’exemple du courage,
Aimais-tu moins que moi ?
Va, je te plains autant que je t’adore :
Je t’ai permis de trahir tes amours ;
Mais moi, pour t’adorer je serai libre encore…
Je veux l’être toujours.
Je l’ai promis, je vivrai pour ta gloire.
Cher objet de mon souvenir,
Sois le charme de ma mémoire,
Et l’espoir de mon avenir !