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Je n’ai pu supporter ce bizarre mélange
De triomphe et d’obscurité,
Où l’orgueil insultant nous punit et se venge
D’un éclair de célébrité.
Trop sensible au mépris, de gloire peu jalouse,
Blessée au cœur d’un trait dont je ne puis guérir,
Sans prétendre aux doux noms et de mère et d’épouse,
Il me faut donc mourir !
Mais vous, qui connaissez mon ame toujours pure
Qui gémissez pour moi des caprices du sort,
Vous qui savez, hélas ! qu’en ma retraite obscure
Il me poursuit encor ;
Faites grâce, du moins, à l’innocent délire
Qui m’apprend sans effort à moduler des vers.
Je suis moins seule avec ma lyre,
Quelqu’un m’entend, me plaint dans l’univers !