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L’ORPHELINE.


Ô Lise ! préférez le berger qui vous aime
Au prince, au roi qui ne vous aime pas.
L’amour est tout, lui seul a des appas :
Il est si doux d’être aimé pour soi-même !
Ce bonheur au hameau peut encor se trouver ;
Lise ! par un exemple il faut vous le prouver.

Un seigneur d’aimable figure,
Brillant d’esprit, et brillant de parure,
Prestiges tout puissans sur la simplicité,
Voulut séduire une jeune beauté.
Sans appui dans le monde, elle était orpheline,
Et se nommait Pauline.
Pauline, hélas ! a perdu le repos ;
De vifs regards, de séduisans propos,
Troublent la paix de cette ame ingénue ;
Elle aime enfin, et son heure est venue.
Pour un ingrat devait-elle sonner ?
Mais pour craindre cette heure, il faut la deviner ;
Et l’orpheline, en sa première flamme,
Rêve un amour aussi pur que son ame.