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MARIE.

jeune berger, beau comme le jour, était descendu à la grande prairie ; elle recommençait une autre fois, lorsqu’Olivier entra précédé de Marie, qui, les yeux baissés, salua le vieillard et rougit.

« Bergère, dit-il en lui prenant la main, je viens vous demander le bonheur de mon fils, car il l’a laissé dans ce village. »

« Oh ! dit Marie, si vous êtes son père, il n’a pu vous cacher que tout mon cœur avait payé son chagrin. »

Olivier, dans une ivresse muette, se précipita aux genoux du vieillard, et les tenait embrassés. Marie y tomba pénétrée de la même émotion ; et leur silence confondit les pensées de leurs âmes.

Geneviève, toute émerveillée du retour d’Olivier, du riche troupeau qu’il ramenait, du ravissement qu’elle voyait dans les yeux de Marie, ne pouvait se lasser de bénir le ciel et de rappeler le jour de la noce de Julien. « Mon rêve est rempli, leur