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MARIE.

voir mon père ? Laisse-toi conduire sans crainte ; laisse-moi te guider vers le vieillard si bon qui m’a rendu l’existence et Marie ! »

Elle se leva, le regarda timidement, et se laissa conduire par la main, sans rien comprendre à tout ce qui se passait autour d’elle et dans son âme.

L’étonné Lucas vit revenir de loin celui qu’il prenait encore pour l’ombre d’Olivier. Mais il ouvrit de grands yeux quand il aperçut sa belle maitresse traverser avec lui le chemin, appuyant sa démarche chancelante sur le bras du jeune berger. Ils passèrent devant lui ; Lucas fut forcé de saluer avec respect celui qu’il avait offensé. Olivier, tout au bonheur et à l’amour, ne songea pas même à le regarder, quoique, sans le vouloir et sans le reconnaître, il l’eût jeté fort rudement par terre.

Geneviève avait déjà raconté trois fois au vieux pasteur qu’elle était cause qu’un