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MARIE.

même expression ; et ses larmes coulaient depuis une heure, que sa bouche souriait encore.

On ne peut savoir comment Olivier trouva son chemin en s’arrachant d’auprès d’elle ; il cacha sa figure sous ses mains tremblantes : c’était sans doute par le simple effet de l’habitude, car il ne recouvra la vue, la pensée et la vie, qu’en traversant la grande prairie. Là, s’appuyant à l’entrée du bocage où Marie l’avait attendu la veille, il crut sentir son cœur entr’ouvrir sa poitrine pour se jetter sur le bouquet effeuillé qu’il aperçut dans l’herbe… Il saisit ce trésor que l’orage avait flétri, et l’emporta pour le seul prix de ses soins et de la paix de ses beaux jours. En quittant ces lieux, il ne se plaignit pas : qu’avait-il encore à dire ? il avait dit adieu à Marie.

La reconnaissance le conduisit à la porte de Geneviève. La bonne vieille laissa tomber sa quenouille en l’écoutant. Elle s’é-