Ainsi le flot fuit le rivage,
Cédant au flot qui le poursuit.
J’ai vu languir, au fond de la vallée,
Un Arbrisseau flétri par le malheur ;
L’Aurore se levait sans éclairer sa fleur ;
Et pour lui la nature était sombre et voilée ;
Ses printemps ignorés s’écoulaient dans la nuit.
L’Amour, jamais d’une fraîche guirlande
À ses rameaux n’avait laissé l’offrande :
Il fait froid aux lieux qu’Amour fuit !
L’ombre humide éteignait sa force languissante,
Son front pour s’élever faisait un vain effort :
Un éternel hiver, une eau triste et dormante
Jusque dans sa racine allait porter la mort.
« Hélas ! faut-il mourir sans connaître la vie !
» Disait-il, courbant ses rameaux.
» Je n’atteindrai jamais de ces arbres si beaux
» La couronne verte et fleurie !
» Ils dominent au loin sur les champs d’alentour :
» On dit que le soleil dore leur beau feuillage ;
» Tandis que moi, sous leur épais ombrage,
» Je devine à peine le jour !
Page:Desbordes-Valmore - Élégies, Marie et romances.pdf/14
Cette page a été validée par deux contributeurs.