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MARIE.

Olivier s’élança pour courir après lui, car le sang lui montait du cœur au visage, et avec lui le besoin de se venger. Mais l’humiliation ! ce trait amer qu’on venait de lui jeter droit dans l’âme, l’humiliation l’enchaîna sur la place ; et le jeune berger, couvrant de ses deux mains les larmes brûlantes qu’il rougissait de répandre, se laissa tomber sur l’herbe, où il pensait tant à la fois, qu’il ne pensait plus.

Cependant, que Marie était heureuse ! Qu’elle était calme et soulagée ! tout la charmait, tout s’animait pour elle. Il lui semblait voir pour la première fois des choses qu’elle avait vues mille fois et davantage. Qu’il a raison, disait-elle, de trouver ce village charmant ! Comme le ciel y est bleu, clair et serein ! Comme les fleurs sont gaies, vives et brillantes ! Et tout en parlant, en rêvant, elle en cueillit pour sa coiffure. Elles brillaient dans ses cheveux noirs, et semblaient tenir leur éclat de son bonheur :