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LE
RAVISSEMENT
DE PROSERPINE PRIS
de Claude Clodian.

primier livre.



CEluy qui le premier fendit la mer profonde,
En aprenant au bois à voguer dessus l’onde,
Et renversant les flots par son rude aviron,
Planta dedans les eaux les arbres d’environ,
5Abandonnant aux vens & aux ondes la vie,
Pour recouvrer par art ce que nature nie.
Celuy en tremblotant se jetta dans le sein
De la tranquille mer, puis d’esperance plein,
En regardant de loin les asseurez rivages
10Il ne redoute plus les perilleux naufrages.
L’audace temeraire en fin l’epoint si fort,
Que delaissant du tout le desirable bord,
Aiant Notus amy il deplie ses voiles,
Cheminant sur les eaux remerquant les estoilles :
15De l’Amphitrite il voit tous les secrets ouvers,
D’Egee & d’Ionie il dompte les hivers.