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Epitaphes de M. des Roch.

3.

Puis que le parler est simulacre de l’ame,
Arrestez vous Passant & ma voix escoutez :
Bien que mon foible corps soit souz la dure lame,
Mon esprit est au ciel entre les deitez.

Ce n’est la voix d’un Mort, qui maintenant resonne :
Echo resonne ainsi aux caverneux rochers.
Le superbe Aquilon tonne, estonne, & entonne,
Ses menaceans propos aux timides Nochers.

Mais ma debile voix ne sera point si forte :
Il me suffit Passant de vous dire comment
Je suis vive, non vive, & suis morte non morte,
Gisant desouz la terre & sur le firmament.

Le nom de saint Gelais monstre que j’estois sainte,
Prenant celuy d’Esrac je m’affranchis aussi.
La sœur de Lachesis par ma despouillee estainte
Veut m’affranchir de mal, de peine, & de souci.

Le trait qui m’a blessee, a laissé sa pointure
Au cueur de mon espoux, & je souffre pour luy,
Ne pouvant m’exempter d’une telle blessure,
Vivant en mon repos, je meurs en son ennuy.

Las si quelque pitié vous espoint le courage,
Passant, soupirez moy, aiez l’eprit marri,
Voyant que le destin en la fleur de mon âge
Me desrobant me laisse au sein de mon mary.


Fin des escris de la Mere.