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Imitations


Nisa est bien aymable, & tu as autrefois
Senti pour sa beauté une amoureuse playe.
J’ay peur que te voyant seulet dedans le bois
De te reprendre encor en vain elle n’essaye.

Bon Dieu (ce dit Damon) comment as tu pensé
Que j’ayme autre que toy, ô ma chere ennemie ?
Te laissant pour Nisa je serois insensé,
Non vaincu de l’amour, mais bien de la folie.

J’ay souffert quelque fois son importunité,
Premier que d’estre serf de tes beautez exquises :
Et maintenant t’aymant en toute extremité,
Me pense-tu subjet de ses nouvelles prises ?

Elle vint l’autre jour ayant l’accoustrement
D’une Nymphe des bois, pour decevoir ma veuë :
D’elle je m’approché, mais fort innocemment,
Et m’en fuy si tost que je l’eu recognuë.

Dy moy la verité, ce luy respond Phyllis,
Aussi bien de ce fait je suis assez certaine :
Qui luy donna ce vase & ces traits si jolis,
Et ce bel arc bruny dont ell’est si hautaine ?

Tu as fait ce present ? c’est toy qui l’as donné.
D’un autre que de toy ne vient un tel ouvrage.
Ah parjure Damon, que tu es estonné !
Or la glace, or le feu te couvrent le visage.

Damon,