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505Traversant dont Ætna, qui n’est point cheminable,
Elle fiche ses pieds irritez dans le sable.
Ainsi une Megere animera les Ifs,
Afin que porte-peste ils donnent mort aux vifs :
Soit qu’au champ de Cadmus sa cruauté la meine,
510Ou bien que Thiestes la retire en Mycene.
Le Tartare resonne au son des piedz-ferrez.
Les Manes tenebreux courent mal assurez,
Arrestant quelque peu ceste penible cource,
Au bord de Flegeton ell’ en prend de la source,
515Pour tremper ses flambeaux : puis destournant le frond
De la bouche d’Ætna elle jette au profond
Ses bruslables Cipres qui empeschent au gouffre
La flamme petillant par la force du souffre :
Et garde que le feu à son gré ondoyant
520Ne va deça delà, ses pointes tournoyant.
Tout le mont retentit, & Mulciber travaille,
Afin que la vapeur estouffante s’en aille.
La fureur redoublant a ce feu empesché,
A bruslé tout le haut du mont empanaché.
525Ceres ne voulant pas durant ce long voyage
Esclerer ses labeurs d’une flamme volage :
D’un suc qui est sacré arrose ses flambeaux,
Dont la nuiteuse Lune arrose ses toreaux,
Et Phebus ses coursiers : au point que le silence,
530Et l’ombre de la nuit amenoit la presence
De l’invincible Dieu, qui loge dans les yeux.
La Deesse s’appreste au voyage ennuyeux,
Ayant le cueur attaint par les flesches de l’ire,
Et du triste regret elle va ainsi dire :