Et cependant Pallas un trait furieux darde
Dans le noir chariot, qui est illuminé
Par le coup violant que sa main a donné.
Le coup outrepassoit, si Juppin secourable
N’eust lancé promptement le signe desirable
Du foudre porte-paix, avoüant celuy-ci
Pour son frere agreable, & pour son gendre aussi.
L’Hymenee a tonné avec pluye assez grosse ;
Et les esclers (tesmoins) ont arresté la nopce,
Les Deesses cedant à un si puissant Dieu.
Diane a dit ainsi : t’en souvienne, or Adieu,
Mais Adieu pour jamais la volonté du pere
Empesche ton secours. qui peut rien au contraire ?
Le ciel a conjuré pour t’esloigner de luy.
Tu ne verras tes sœurs seulement qu’au jourd’huy.
A un peuple muet tu seras delivree,
Sans avoir pres de toy compagne desiree,
Qui puisse consoler ton desplaisir secret.
Helas qui nous condamne à un si grand regret ?
Vesve de tous plaisirs perdant ta belle face,
Je quite l’arc, les traits, & les rets, & la chasse.
Partenie, Taigete & Menale pleurans
Verront dedans leurs forts les fiers Lyons courans.
Et l’escumeux Sanglier despleurera sans crainte
Le dolant Cynthius. Moy je feray ma plainte
Regretant ta beauté : le Temple Delphien
M’entendra souspirer la perte d’un tel bien.
Ce pendant Proserpine est dans le char vollee,
Son poil espars au vent : son ame desolee
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