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85Et les flots amoureux d’Alphee l’estranger.
Mais Cyane se voit sur les autres ranger.
Ainsi Termodoon a veu la belle bande
D’Amazones autour d’Hippolyte la grande,
Quand les pavois ostez, non les cueurs abatus
90Elles vont rechantant les viriles vertus,
Et les bras indomptez de leur chaste maistresse,
Dont le Gete, & le Scythe ont senti la rudesse,
Et le gelé Tanais. Hermus peut voir ainsi
Les Nymphes qu’il alaite aiant un doux souci,
95Ou de rendre à Bacchus offrandes solennelles,
Ou porter leur joyaux aux rives paternelles.
Le fleuve s’esgayant en son antre posé
D’une prodigue main rend le champ arrosé.
Ætne pere des fleurs aiant veu de sa cime
100Le vulgaire sacré, dont il fait tant d’estime,
Dist au mignard Zephyre : ô pere du print-temps,
Qui de tes doux souspirs embasme tous les ans
Mes bosquets enfleurez regarde je te prie
Les filles du Tonant dedans ceste prerie.
105Or puis qu’elle ont daigné leurs grandeur abaisser
Pour venir voir nos champs, ne vueilles pas laisser
Nulles sortes de fleurs qui n’y soient apparantes,
Rajeunis de boutons les plantes verdoiantes,
Et que l’Hible fertile envie nostre honneur,
110Et que la Panchaie aspire à tel bonheur.
Combien que porte-encens elle soit odoreuse,
Que l’Hydaspe respande une halaine amoureuse
Dans nos riches jardins, & que l’unic oyseau,
Qui tant de siecles voit, y range son tombeau.