Mais elle n’a point l’arc qui les flesches eslance :
Et s’aide seulement du trait de ses beaux yeux.
Ses vestements serrez d’un nœu industrieux
Se monstrent recueillis d’une belle ceinture.
Jamais avant ce jour & l’art & la nature
N’avoit veu sur la toille un ouvrage pareil.
Là elle fait venir le rayonnant Soleil
Naissant d’Hiperion : la Lune blanchissante
Paroist d’autre costé en forme differente :
L’un est chef de l’Aurore, & l’autre de la Nuit :
Mais l’œil estincelant de l’un & l’autre luit.
Thetys qui les reçoit (amoureuse nourrice)
Leur donne le berceau, & comme son delice
Les serre doucement dans son sein azuré,
Qui des jeunes rayons se monstre tout doré.
Le Titan nouveau né paroist en sa main dextre,
Qui jette un tendre feu : sa sœur en la senestre,
Qui tire la liqueur hors des tetins verriers,
Et porte sur le frond la merque des cartiers.
Aiant cest ornement sur un beau corps d’albastre,
Proserpine s’en va d’un pied prompt & folastre.
Les naiades autour, qui toutes se tenant
Ainsi qu’un chapelet la vont environnant,
En chantant d’un accord la grace fonteniere
De Crimnise la douce, & Pantagre la fiere,
Qui tresne les cailloux : & Gelan qui nomma
De son nom la cité, que son bras enferma.
La Camarine lente aussi est rechantee :
La gentille Arethuse est proprement vantee :
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