Page:Des Roches - Les Missives.pdf/104

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le rouge va tramant d’une merque menue
Les replis reserrez de lardeur assidue.
Les deux qui ont senti un doux temperament
380Donnent à tous humains logis & aliment.
Tout en l’extremité on voit les deux glacees
De brume perennelle obscurément tracees.
L’ouvrage s’environne en un froid eternel.
Elle n’oublia point l’inviolable autel
385De son oncle Ditis, ny les Manes fatales,
Qu’elle doit prendre au lieu de ses Nymphes natales.
Ses beaux yeux devinoient en depeignant cecy,
Et pleurant demonstroient un ennuieux souci.
Ell’ avoit commencé à ranger aux lisieres
390Du fertil Ocean les plus seches verrieres,
Et retournoit les gons : mais ell’ entend soudain
Les Deesses venir, & lors sa blanche main
Abandonna du tout cest imparfait ouvrage :
Une vive couleur embellit son visage,
395Meslant avec sa nege un pourpre gracieux,
Et la honte luysoit au doux feu de ses yeux :
Ses joües qui estoient mollement delicates,
D’une vierge rougeur se firent incarnates,
Mieux que l’yvoire blanc au vermeil de Sidon.
400Desja le jour se noie, & le celeste don
Du somme nourricier tient les testes baissees
Aux languissans loisirs & tranquilles pensees.
Pluton est promptement par son frere adverti
Pour aller en Sicile & y prendre parti.
405La terrible Alecton accoustre l’esquipage,
En liant les chevaux qui paissent au rivage