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« ses ennemis, sur laquelle il faisait porter ses listes « de proscription, tandis qu’il cherchait dans ses diffé « rentes motions à gagner le Marais. »

Les hommes dont je viens de citer les noms à moitié obscurs étaient de bons citoyens. J. Claretie les fait connaître, les fait aimer. Presque tous s’étaient voués à la guerre de l’indépendance ; représentants en mission, ils avaient guidé nos armées. Saint-Just, sur la Sambre, ne s’était pas montré plus intrépide que Bourbotte à Saumur, que Goujon à Landau’, que Soubrany au fort Saint-Elme. Duroy, en pleine Terreur, avait déployé un rare courage civique ; Romme avait fait partout preuve des vertus les plus sévères. J. Claretie a dit le premier qu’il y avait dans ce groupe les éléments d’un comité de gouvernement. Cette idée est aussi juste que neuve. C’eût été le comité de Salut Public sans mélange et sans alliage, tout-puissant pour le bien. Un seul jour suffit pour réduire à néant tant de promesses, tant d’espérances.

Nous ne reprendrons pas le récit de l’insurrection de prairial, que l’on trouve plus complet que jamais dans le quatrième chapitre de ce livre. L’Assemblée envahie, se dispersant devant une foule qui ne demandait que du pain et la mise en œuvre de la Constitution ; des excès étant commis, Duroy, Goujon et leurs frères d’armes eurent l’inspiration de contenir la furie populaire en la dirigeant. Ils parlent : plus d’exès ; à leur voix, les vœux légitimes de Paris sont convertis en décrets. Aucun mot de représailles, de proscriptions. Mais les conventionnels rentrent avec des renforts. Les