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de sa narration et des scènes vraiment héroïques s’en détachent dans leur instructive beauté.

Opposer aux excès et aux scandales de la réaction la ferme attitude des « derniers Montagnards », mettre surtout en relief aux rangs suprêmes de l’assemblée le groupe des proscrits de prairial méconnus par la postérité, telle est la pensée qui inspire et régit ce volume. Cette pensée nous est sympathique, parce qu’elle nous semble conforme à la vérité. Peut-être dans le détail des faits et dans la comparaison des individus en atténuerions-nous la rigueur. Point d’injustice, même au service d’une idée juste. Ainsi nous reconnaissons la légitimité du contraste établi par J. Claretie ; mais, tout en partageant ses prédilections, nous l’abandonnons là où il nous paraît établir ces lignes de démarcation qui n’existent jamais dans la nature. Un parti peut être relevé de flétrissures iniques, rétabli dans son lustre, hautement préféré aux groupes politiques qu’il combat, sans qu’il devienne à nos yeux l’unique dépositaire du droit, de la vérité et de la vertu. Nul parti n’est infaillible. J. Claretie le sait aussi bien que nous, et si, parfois, il a paru l’oublier, ce n’est point à coup sûr par défaut d’équité naturelle. Car, si toutes les grandeurs de la Révolution lui sont chères, à quelque nom’qu’elles se rattachent, jamais nous ne le voyons pactiser avec aucune bassesse— ou aucun excès par un de ces sophismes auxquels les Thiers et les Barante n’ont pas su échapper.

Le premier chapitre nous jette en pleine contre-révolution, et nous ne sommes qu’au lendemain de thermidor.