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vie de napoléon ier

J’écoutais à peine ce que disait mon ami… Je voyais, à une faible distance, un grand poteau, et, un peu plus loin, un petit groupe de maisons.

Notre guide sourit joyeusement, hâta le pas et nous fit signe de le suivre. Mon cœur battait avec violence et je me mis à courir de toutes mes forces jusqu’à ce que j’eus dépassé le fameux poteau qui pour moi voulait dire : la Gallicie, le pays neutre, la liberté !

Oui, c’était bien cela ! Anselme et le Polonais me rejoignirent et, à genoux, les bras levés vers le ciel, nous remerciâmes cette bonne Providence dont la main paternelle nous avait guidés et soutenus.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Enfin, après un long voyage que bien peu de soldats de la grande armée aient pu entreprendre et surtout achever heureusement, je revis mon pays natal. Lorsque je distinguai de loin la haute tour de la cathédrale d’Anvers, j’éprouvai une émotion qu’il me serait impossible de décrire.

Quelques heures après j’embrassais mon vieux père, ma chère mère, mes frères, mes sœurs…

Et — il faut bien que mon récit finisse comme toutes les histoires — j’embrassai aussi ma bonne Élisabeth, la mère de mes chers enfants et la grand’mère de ta Marie-Jeanne, entends-tu, maître Jean des Érables ?

Maintenant, passe moi ton tabac et verse moi un petit verre de vin.

— Bien volontiers, grand-père.

Lecteur, ici finit le premier récit du vieux soldat. Si vous lui faites bon accueil, je vous en soumettrai d’autres et je compléterai ainsi l’histoire populaire de Napoléon Ier.

FIN