Ne rions pas. (Haut.) Mais, parfaitement : je viens d’être victime de ma témérité ; la chaleur de ce feu et votre xérès trop généreux m’avaient réellement étourdie ; je me suis risquée au dehors pour respirer un peu d’air, j’ai été surprise par une bourrasque de vent et de pluie. Ma robe est à tordre, il m’a fallu la changer, et, ce qui est contrariant, mettre celle-ci qui n’est guère de circonstance. Mais je n’avais pas à choisir, elle compose toute ma garde-robe… Et vous ?
Ah ! mon Dieu ! madame, je suis vraiment confus ; faites-moi grâce de mon récit, il serait la répétition du vôtre.
Vraiment ! vous avez été très-mouillé ?
Imaginez-vous, madame, les grandes figures sous lesquelles les peintres nous représentent les fleuves, et vous aurez une juste idée de ce que j’étais il y a cinq minutes.
Je vous déclare que jamais pinceau n’a reproduit naïade si trempée que moi tout à l’heure. (À part.) Je veux lui faire avouer son mensonge. (Haut.) Et, tenez, je gage que, si nous comparions nos vêtements mouillés, les miens seraient plus ruisselants que les vôtres.
C’est un piège. (Haut.) Si cela peut vous amuser, comparons les pièces. (Ouvrant à gauche.) Regardez quelle submersion !
Voyez quelle inondation ! (À part.) Nous sommes de même force.