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devenir la proie des innombrables besoins factices qui sont les fléaux de l’humanité. Il sera sobre et laborieux, se contentant de peu, s’attachant par-dessus tout aux plaisirs de l’intelligence et aux joies du cœur.

Ainsi fortifié contre les assauts de la matière, le sage, sous la pure lumière de la raison, verra resplendir ses destinées. Éclairé sur le but de la vie et le pourquoi des choses, il restera ferme, résigné devant la douleur ; il saura la faire servir à son épuration, à son avancement. Il affrontera l’épreuve avec courage, sachant que l’épreuve est salutaire, qu’elle est le choc qui déchire nos âmes, et que, par cette déchirure seule, peut s’épancher le fiel qui est en nous. Et si les hommes se rient de lui, s’il est victime de l’injustice et de l’intrigue, il apprendra à supporter patiemment ses maux en reportant ses regards vers nos frères aînés, vers Socrate buvant la ciguë, vers Jésus en croix, vers Jeanne au bûcher. Il se consolera dans la pensée que les plus grands, les plus ver-