Page:Denikine - La décomposition de l'armée et du pouvoir, 1922.djvu/118

Cette page n’a pas encore été corrigée

électives) départementales et de district. En même temps, la police devait être remplacée par la milice, dont l’organisation incombait aux institutions publiques représentatives. Cette mesure, déterminée par la haine générale qu’inspiraient les agents de l’ancien pouvoir, fut, au fond, la seule manifestation réelle de la volonté du Gouvernement, puisque jusqu’au mois de septembre la compétence des commissaires ne fut pas déterminée par la loi, et que les instructions et les ordonnances du Gouvernement n’eurent, en somme, qu’un caractère théorique, la vie suivant ses propres voies, réglée ou plutôt, désorganisée qu’elle était par la juridiction révolutionnaire locale.

Les fonctions des commissaires du Gouvernement demeurèrent, dès les premiers jours, lettre morte. N’ayant à leur disposition ni force, ni autorité, ils étaient devenus nuls et tombèrent sous l’entière dépendance des organisations révolutionnaires. Le moindre « vote de blâme » mettait fin, en fait, à l’activité du commissaire. Les organisations en élisaient un autre, et la confirmation du Gouvernement Provisoire n’était qu’une simple formalité. C’est ainsi que, pendant les premières six semaines, on élimina 17 commissaires départementaux et un grand nombre de commissaires de district. Plus tard, au mois de juillet, le suppléant du ministre de l’Intérieur, Tsérételli, régularisa ce procédé en invitant, par une circulaire, les Soviets et les Comités locaux à désigner les candidats qu’ils désireraient substituer aux commissaires ne satisfaisant pas à leur tâche. C’est ainsi qu’il n’y eut plus, en province, de représentants du pouvoir central.

Au commencement de la révolution, les organisations dites « comités publics » ou « conseils des organisations publiques » incarnaient réellement le principe public, tels furent la représentation de l’Union de villes et des Zemstvos (états provinciaux), des municipalités, des unions professionnelles, des Sociétés coopératives, de la magistrature, etc. Mais la situation empira considérablement lorsque ces « comités publics » dégénérèrent en organisations de classe et de parti. Le pouvoir local passa aux Soviets et, par endroits, aux municipalités socialistes « démocratisées » par contrainte, avant la promulgation de la loi, et différant fort peu des Soviets à moitié bolchevistes.

Les statuts promulgués le 15 avril et stipulant l’organisation de l’administration municipale autonome, comportaient les thèses essentielles que voici :

1. — Le droit électoral passif et actif appartient à tous les citoyens et à toutes les citoyennes ayant atteint l’âge de 20 ans ;

2. — Il n’existe aucun cens de séjour ;

3. — Les élections sont proportionnelles ;

4. — Les militaires jouissent de leurs droits électoraux dans l’endroit où ils tiennent garnison.

Je n’examinerai pas ces normes, les plus démocratiques, peut-