Page:Delvau - Gérard de Nerval, 1865.djvu/90

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

84
GÉRARD DE NERVAL

Hespérides, et que le dragon avait mal gardé, avait une tare invisible pour tout le monde — excepté pour les yeux délicats de Gérard.

Une nuit de l’hiver de 1811, il avait donné des signes si manifestes de démence, qu’on avait dû le conduire à Montmartre dans la maison de santé du docteur Blanche, d’où, au bout de quelque temps, il était sorti — sans être guéri. Ses amis, qui le croyaient mort pour eux et pour les lettres, avaient déjà fait « l’épitaphe de son esprit, » — Alexandre Dumas entre autres. « C’est, écrivait ce dernier en croyant que jamais Gérard ne lirait cet éloge singulier, c’est un esprit charmant et distingué, chez lequel de temps en temps un certain phénomène se produit qui, par bonheur, nous l’espérons, n’est sérieusement inquiétant ni pour lui, ni pour ses amis ; de temps en temps, lorsqu’un travail quelconque l’a fort préoccupé, l’imagination, cette folle du logis, en chasse momentanément la raison, qui n’en